radio sisko fm
Dans une quête audacieuse de découverte et de dépassement de soi, Maud a entrepris un défi unique : parcourir la France à pied, accompagnée de son fidèle compagnon, Toutou.
Au cours de cette aventure, elle explore non seulement la richesse des paysages français mais aussi la profondeur de son propre être. Cette interview nous plonge dans les motivations, les défis, et les moments marquants de son incroyable périple.
1. Quelle a été votre motivation initiale pour entreprendre ce tour de France à pied ?
Mes motivations sont multiples, mais je dirais qu'une des plus importantes est l'envie de me retrouver en cultivant mon rapport à la solitude, et de découvrir la richesse de la France et de ses habitants.
2. Combien de temps prévoyez-vous que cela prendra pour compléter votre voyage ?
J'ai un congé sabbatique de 8 mois, donc je fais en sorte de le terminer dans ce temps-là.
3. Quelles régions ou endroits avez-vous trouvés les plus accueillants ou intéressants jusqu'à présent ?
Même si dans chaque région j'ai eu de belles expériences, pour l'instant, je dirais le Grand Est pour l'accueil : les gens ont été gentils, attentionnés et d'une grande bienveillance. Pour les endroits intéressants, c'est très difficile de faire un choix. Le Nord-Pas-de-Calais pour son histoire ainsi que la région PACA pour la diversité et la beauté de ses paysages.
4. Comment planifiez-vous votre itinéraire et vos étapes quotidiennes ?
Avant de partir, j'ai établi mon itinéraire idéal pour me guider. Durant le voyage, une fois par semaine lors d'une étape, je me pose et j'étudie la suite en fonction de différents paramètres : la météo, le terrain traversé (dénivelés, parcs naturels), notre forme respective à Toutou et moi, le nombre de kilomètres, etc. J'utilise une application qui met en avant tous les chemins pédestres existants : chemins locaux, sentiers de Grande Randonnée, sentiers littoraux. Chaque journée, nous avançons avec une ville finale en tête, mais je n'exclus pas la possibilité de m'arrêter avant si nécessaire. Il faut avoir une grande capacité d'adaptation.
5. Quelles ont été les réactions des gens que vous avez rencontrés en chemin ?
Les gens sont intrigués. Il est vrai qu'avec mon sac à dos, ma tenue et Toutou, nous ne passons pas inaperçus. J'ai une affiche sur mon sac à dos avec une phrase : "Nous faisons le tour de France à pied". Dès lors, ils posent beaucoup de questions, nous encouragent et nous proposent même de participer au projet d'une manière ou d'une autre (hébergement, déjeuner, etc.).
6. Quels sont les défis spécifiques que vous avez rencontrés jusqu'à présent et comment les avez-vous surmontés ?
Au début, il m'est arrivé de glisser sur un chemin au bord de la falaise. J'ai eu très peur, mais j'ai pris le temps de bien respirer, de me calmer et de ramper pour pouvoir me relever plus loin. J'ai directement continué mon chemin pour ne pas rester traumatisée, et j'ai pris le temps d'encaisser plus tard. Dans le Jura, j'ai été prise d'une crise d'angoisse en forêt à cause d'un dénivelé et n'ai pas réussi à repartir. J'ai dû appeler les pompiers pour m'en sortir. Ce sont les deux défis marquants auxquels j'ai fait face.
7. Comment vous et Toutou restez-vous en bonne santé et en forme pendant ce voyage ?
Pour Toutou, je l'analyse énormément. Au moindre doute, à la moindre question, je consulte un vétérinaire que ce soit par téléphone ou en personne. Au quotidien, massage des coussinets et des pieds avec de la crème, étirements, et beaucoup de repos dès qu'on en ressent le besoin.
8. Y a-t-il des moments ou des expériences qui vous ont particulièrement marquée jusqu'à présent ?
Oui, lorsque j'ai eu les premiers rayons de soleil, j'étais à la sortie de Boulogne-sur-Mer, et il y avait un panorama sublime qui s'offrait à nous. J'ai réalisé à cet instant l'aventure dans laquelle nous étions. Il y a également eu un moment où j'avais en face de moi toutes les montagnes jurassiennes, j'étais émue ! Plus récemment, le moment où je suis arrivée à Fréjus, où j'ai vu Toutou sur la plage, signe que nous avions relié le Nord au Sud ! En vérité, il y a de très nombreux moments qui m'ont marquée de manière plus ou moins intense.
9. Comment gérez-vous les aspects logistiques tels que l'hébergement et la nourriture pendant votre périple ?
Pour la nourriture, j'ai toujours un réchaud sur moi avec des pâtes au cas où. Sinon, je trouve des boulangeries régulièrement. Pour Toutou, je fais en sorte d'avoir un stock de croquettes de 3 kg, que je complète avec de la pâtée et des snacks protéinés. Dès que le stock atteint +/- 1 kg, je regarde quand est-ce que j'atteins une grande ville pour faire du réassort. Pour l'hébergement, plusieurs possibilités. Soit je rencontre des gens sur la route qui se proposent de me recevoir, soit je toque chez l'habitant. Parfois, certaines communes me prêtent des salles des fêtes. Sinon, il y a les réseaux sociaux : soit on me contacte, soit je publie des annonces auxquelles les personnes répondent. En dernier recours, j'utilise les applications de type Warmshower ou Homecamper pour me mettre en contact avec des gens qui peuvent nous accueillir.
10. Qu'espérez-vous accomplir ou quel message souhaitez-vous partager à travers cette aventure ?
Je trouve que nous sommes souvent victimes de peurs limitantes qui nous empêchent de nous lancer dans nos projets, donc à travers mon aventure j'espère montrer que, dans l'ordre du réalisable, il faut se lancer, encore plus en tant que femme seule. De plus, je veux rappeler qu'il n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde pour avoir de beaux paysages. Enfin, je souhaite mettre en lumière les endroits accessibles aux chiens, afin que les gens se disent qu'il n'est pas si difficile de voyager avec son animal de compagnie et qu'il est important de passer un maximum de temps de qualité ensemble.
11. Comment vous sentez-vous en atteignant La Ciotat aujourd'hui ?
Fatiguée moralement car le manque de mon entourage se fait un peu ressentir, fatiguée physiquement avec le changement "brutal" de temps, mais pleine de gratitude quand je regarde autour de moi.
12. Quelles ont été vos impressions sur La Ciotat et ses habitants jusqu'à présent ?
Je suis émerveillée par le nombre de plages et le fait que chacune possède un panorama différent. Et les calanques, quelles pépites ! Une ambiance estivale règne dans les rues, les balades sont très agréables, et il y a une belle histoire à découvrir sur cette ville. Les habitants font partie des plus gentils et accueillants que j'ai rencontrés jusqu'à présent dans mon voyage.
13. Y a-t-il eu des moments significatifs ou des rencontres spéciales sur le chemin de La Ciotat ?
Oui, j'ai pris un bain de minuit le soir de la fête de la musique, sous les étoiles, c'était un moment assez magique. J'ai également eu une énorme remise en question quant à la suite du périple, et j'ai pris le temps d'y réfléchir profondément ici, à La Ciotat, de poser les pour et les contre, avant de repartir.
14. Quels sont les défis particuliers que vous avez rencontrés lors de cette portion de votre voyage ?
Le défi principal depuis que je suis sur la côte méditerranéenne, c'est d'appréhender la chaleur et de trouver des routes ombragées pour pouvoir avancer.
15. Comment vous et Toutou avez-vous célébré cette étape importante ?
En profitant de la récente plage pour chiens pour aller se baigner ensemble et se reposer sur le sable avec le bruit des vagues.
16. Quelles sont vos prochaines étapes après La Ciotat ? Avez-vous déjà une idée de votre prochaine destination ?
Les prochaines étapes seront Aubagne, Gardanne, Aix-en-Provence, Coudoux, Salon-de-Provence. Ma prochaine grande destination est Montpellier, puis Perpignan.
17. Quel soutien avez-vous reçu de la part des communautés locales le long du chemin ?
J'ai eu quelques encouragements lors de nos balades sur le front de mer, et deux groupes de jeunes, emballés par le projet, nous ont félicités. Deux locaux m'ont contactée sur les réseaux sociaux pour savoir si je n'avais besoin de rien en arrivant au centre-ville, et une dame s'est proposée de me montrer les différents coins du centre-ville et de me raconter son histoire. C'était très agréable !
18. Comment la météo a-t-elle influencé votre progression jusqu'à présent ?
La météo a surtout rendu le trajet délicat. J'ai eu pas mal de pluie et de vents très forts, ce qui, en soi, ne me dérange pas outre mesure, mais cela peut rapidement rendre les routes dangereuses (boue, arbres tombés, etc.), entraînant des détours plus ou moins longs. Aussi, l'idée de bivouaquer était difficilement envisageable pour avoir un sommeil réparateur et repartir en forme. Maintenant, l'arrivée du soleil et de la chaleur nous confronte à d'autres difficultés : nous partons plus tôt pour éviter de marcher en plein cagnard, nous cherchons le plus d'ombre possible et évitons de trop nous isoler pour garder la possibilité de trouver des points d'eau régulièrement.
19. Qu'avez-vous appris sur vous-même et sur Toutou au cours de cette partie du voyage ?
J'ai appris que le repos est un besoin qu'il ne faut surtout pas négliger et qu'il est vraiment important de passer des moments de qualité avec son entourage. J'ai aussi appris beaucoup sur moi-même, notamment le courage dont je fais preuve et la puissance de mon mental.
20. Y a-t-il des anecdotes ou des histoires amusantes que vous pourriez partager sur votre expérience à La Ciotat ?
Lorsque je rentrais de la fête de la musique, je voulais m'acheter des churros. Je discutais avec la vendeuse et, après lui avoir dit que je n'avais pas trop le moral, elle est descendue de son camion et est venue me faire un câlin pour me donner de la force. Si elle se reconnaît, je la remercie !!!
21. Comment avez-vous préparé physiquement et mentalement pour cette aventure ?
Mentalement, je ne m'y suis pas spécialement préparée, et de toute façon, vu l'envergure de l'aventure, je n'aurais pas pu me préparer à la hauteur de ce que je vis. Physiquement, j'ai consulté un podologue et un kiné pour avoir des conseils. J'étais déjà sportive de base, et j'ai un coach (@Coach training force Alexandre) qui m'a aidée à orienter mes entraînements en fonction du projet, avec beaucoup d'étirements, de renforcement des mollets, des genoux, du dos, et des épaules. De mon côté, j'avais un rythme de marche quotidien de l'ordre de +/- 10 km par jour, que j'ai accentué avec des randonnées.
22. Pouvez-vous nous décrire une journée typique de votre voyage, y compris la routine avec Toutou ?
Réveil entre 5h et 6h. Je me prépare : roll-on froid sur les articulations douloureuses, soin des bobos, anti-moustiques, crème solaire, habillement. Petit déjeuner pour nous deux. Crème sur les coussinets de Toutou, étirements de ses pattes, vérification de sa forme (fatigue, prêt à jouer, etc.) et je lui donne des vitamines. On range le sac, on vérifie l'itinéraire et on se met en route. Pause à peu près tous les 5/7 km avec de l'eau et des en-cas protéinés type snack saumon ou poulet pour le chien, fruits secs pour moi. J'essaie d'arriver à destination en début d'après-midi. Si je n'ai pas déjà de contact pour un hébergement, je sonne aux portes. Une fois trouvé, je m'installe soit dans le jardin, soit à l'intérieur de la maison selon les possibilités. Dîner pour Toutou et moi, baume du tigre sur mes articulations et soin des bobos, crème sur les coussinets, étirements et traitement des articulations pour Toutou.
23. Quel rôle joue Toutou dans votre expérience de voyage et comment avez-vous préparé votre chien pour ce défi ?
Toutou me permet de me réguler puisque je dois faire attention à lui, analyser ses moindres gestes et comportements, faire beaucoup de pauses, ce que j'ai du mal à faire seule. Il me permet aussi de beaucoup relativiser quand je le vois être heureux avec très peu. Je suis heureuse de pouvoir lui offrir cette expérience et de partager cela avec lui. Pour le préparer, je l'ai emmené voir un ostéopathe et un vétérinaire à plusieurs reprises pour étudier son cœur, ses articulations, et organiser ce dont il aura besoin pendant cette période. Physiquement, j'ai progressivement augmenté le rythme et la durée de ses sorties quotidiennes et je l'emmenais régulièrement en randonnée de plus de 10/15 km.
24. Quels sont les défis les plus importants que vous avez rencontrés jusqu'à présent ?
Le rapport à la nature, dans le sens où il faut jongler avec les conditions climatiques. Nous avons dû faire pas mal de détours et demi-tours car la route initiale n'était pas praticable ou trop dangereuse, notamment à cause de la pluie ou des vents forts. Dans ce cas-là, il faut rapidement trouver une solution sans se focaliser trop longtemps sur le problème. Un autre défi est celui de surmonter ses peurs, comme dans mon cas, celle du dénivelé trop important dont j'ai découvert l'existence pendant ce voyage. Le fait d'être seule demande de se motiver toute seule, d'être capable de surmonter ses craintes seule, de se rassurer seule, et ce n'est vraiment pas facile.
25. Comment gérez-vous les aspects logistiques comme l'hébergement et la nourriture pendant votre périple ?
J'ai déjà répondu à la question 9, il me semble.
26. Quelles ont été vos rencontres les plus mémorables ou inspirantes sur la route ?
Une personne s'est arrêtée en pleine forêt pour me donner des sandwichs, puis son numéro en cas d'urgence, et par inquiétude quant à l'endroit où je m'arrêterais le soir, m'a payé une nuit dans un Airbnb à ses frais. J'ai croisé une autre personne lorsque je devais faire face à un endroit difficile d'accès et où ma peur me menait la vie dure. Elle m'a prise en charge, m'a énormément parlé, m'a consolée, et avec elle j'ai vécu un moment hors du temps. J'ai été émue par tant de gentillesse inattendue.
27. Quel impact espérez-vous avoir en partageant votre aventure à travers la France ?
Je pense avoir répondu à la question 10.
28. En quoi ce voyage contribue-t-il à votre engagement envers l'écologie et la découverte des paysages français ?
Il contribue à l'écologie dans le sens où j'utilise la marche comme moyen de transport et où j'essaie de limiter mon impact environnemental, notamment à travers la nourriture en essayant d'être un maximum végétarienne. Pour la découverte des paysages, je publie énormément de clichés des endroits par lesquels je passe sur Instagram (@toutourdemaud) et cela suscite beaucoup de réactions.
29. Comment voyez-vous l'évolution de votre projet après avoir complété ce tour de France ?
Je ne sais pas vraiment. J'avais en tête un podcast ou un livre, mais j'ai du mal à me projeter, ce sont de gros projets. Si quelqu'un a une idée, n'hésitez pas à me contacter :) !
Pour son premier voyage, Maud Mechura est partie du casino Barrière d'Enghien-les-Bains pour rejoindre le casino de Deauville, en Normandie.
Ajouter un commentaire
Commentaires