Sahby Mehalla

Source : Flickr / Hanifah Nikoor
En 1883, un cliché rare et éloquent nous parvient du monde arabe. On y voit un homme aux pieds nus, marchant d’un pas ferme et digne, portant une lourde charge sur sa tête. À ses côtés, deux femmes montent à cheval, toutes deux bien chaussées. Tandis qu’il marche, elles sont confortablement installées, leurs pieds protégés par des sandales, à l’abri de la poussière et de la fatigue du chemin.
Cet homme, que certains pourraient aujourd’hui qualifier de « retardé » ou d’archaïque, incarne en réalité une noblesse intérieure que les temps modernes peinent à comprendre. Il n’a jamais assisté à des formations sur les droits des femmes ni reçu de cours sur la parité. Il ne connaît que cette recommandation prophétique : « Recommandez-vous mutuellement de bien traiter les femmes » (hadith rapporté par Al-Bukhârî et Muslim). Et cela lui suffit.
Loin de la logique de domination ou de compétition entre les sexes, cet homme a voulu, à sa façon, faire de sa femme – et de celle qui l’accompagne, peut-être une sœur, une mère, une autre épouse – des reines, même s’il ne possède rien. Il offre sa force, son énergie, son confort, sans rien attendre en retour.
Pendant ce temps, les modernes, autoproclamés « civilisés », s’évertuent à instaurer une égalité qui pousse la femme à partager jusqu’à la fatigue du labeur et la pression financière. Une égalité qui confond équité et indifférenciation. Ils oublient que dans la culture arabe, une tribu entière pouvait se lever pour défendre une femme. Qu’une guerre féroce fut déclenchée pour une chamelle appartenant à une femme (l’histoire de la Guerre de la Bassous). Que des armées entières furent levées pour libérer une femme réduite en captivité.
Aujourd’hui, la liberté de la femme est parfois réduite à son image : mise en avant sur des emballages de shampoing, exhibée dans des salons automobiles, vidée de sa dignité pour mieux stimuler la consommation. L'égalité devient un outil de marketing, et non plus une cause humaine.
Cette vieille photo est un miroir tendu à notre époque : elle nous interroge sur ce que signifie réellement respecter une femme. Est-ce lui demander de tout partager, y compris la fatigue et les charges, ou est-ce parfois savoir lui épargner cela par amour et par honneur ?
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