Crash de Jeju Air : un mur en béton en bout de piste jugé « proche de la criminalité » par les experts

Publié le 31 décembre 2024 à 15:59

radio sisko fm

Le crash du vol 7C2216 de Jeju Air, survenu le 29 décembre 2024, continue de soulever de nombreuses questions alors que l’enquête avance. 

L’accident, qui a coûté la vie à 179 passagers, a révélé des lacunes dans la conception des infrastructures de l’aéroport de Muan, en Corée du Sud, et pose de sérieux défis en matière de sécurité aérienne internationale. 

Les critiques se multiplient autour de la présence d’une structure en béton à l’extrémité de la piste, décrite par des experts comme un « manquement grave ».

Une catastrophe aux conséquences internationales

Ce crash a des implications bien au-delà des frontières sud-coréennes. Les standards de sécurité recommandés par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) sont désormais au centre du débat, notamment sur la manière dont les aéroports à travers le monde conçoivent et entretiennent leurs infrastructures. Selon des données fournies par l'OACI, les dépassements de piste représentent 10 % des accidents graves dans l’aviation civile, soulignant l’importance des zones de sécurité conformes.

Contexte :

L’appareil impliqué : Un Boeing 737-800, connu pour sa fiabilité, a subi une perte hydraulique totale après une collision avec des oiseaux.

Le scénario du crash : L’avion a glissé sur la piste avant de percuter une structure en béton, provoquant son explosion.

La structure incriminée abritait une antenne du système d’atterrissage aux instruments (ILS). Selon l’OACI, les équipements situés en zone de dépassement doivent être frangibles ou capables de se déformer pour minimiser les dommages en cas d’impact.

Avis croisés d’experts

David Learmount, spécialiste en sécurité aérienne, a déclaré que « la conception de l’aéroport est une violation flagrante des normes internationales ». De nombreux aéroports dans le monde utilisent des supports métalliques légers pour éviter les risques liés à des infrastructures rigides.

Pourtant, la Corée du Sud n’est pas seule dans ce dilemme. Paul Hayes, expert en aviation basé à Londres, note que « ce crash met en lumière un problème global : les investissements dans les zones de sécurité sont souvent jugés secondaires face à d’autres priorités ».

D’un autre côté, des ingénieurs sud-coréens, anonymes pour des raisons légales, ont mentionné des contraintes budgétaires et des conflits entre autorités locales et nationales comme des facteurs expliquant l’utilisation de structures en béton.

Le rôle des autorités sud-coréennes

Face à ces révélations, le ministère sud-coréen des Transports a ordonné une inspection de toutes les infrastructures critiques des aéroports du pays. En outre :

  • Des simulations sont prévues pour évaluer les impacts des équipements sur la sécurité des vols.
  • La Corée du Sud pourrait réviser ses protocoles en collaboration avec l’OACI et d’autres organisations internationales.

Cependant, les familles des victimes critiquent le manque de transparence et de rapidité des autorités. Yuna Park, dont le frère a péri dans le crash, a déclaré : « Nous voulons des réponses, pas seulement des excuses. Ce crash aurait pu être évité. »

Un précédent dans l’histoire de l’aviation ?

Ce crash rappelle des incidents similaires, notamment le vol TAM 3054 en 2007 au Brésil, où un avion a dépassé la piste de l’aéroport de Congonhas, causant 199 morts. Dans ce cas, des lacunes dans les zones de sécurité avaient également été pointées. Ces précédents montrent que des erreurs structurelles peuvent avoir des conséquences tragiques, et mettent en évidence l’importance d’une application rigoureuse des normes internationales.

Vers une réforme mondiale ?

Le drame du vol 7C2216 pourrait marquer un tournant. Les experts préconisent :

  • La généralisation des zones de sécurité étendues (RESA), obligatoires dans certains pays comme les États-Unis.
  • L’installation de structures frangibles pour remplacer les équipements en béton rigide.
  • Une harmonisation internationale des inspections, pour garantir que les normes de sécurité soient appliquées de manière uniforme.

Une réponse attendue par les familles et l’industrie

Alors que les familles des victimes continuent de réclamer justice, ce crash met en lumière la nécessité d’une refonte des pratiques en matière de sécurité aérienne. 

Les résultats de l’enquête, combinés à une pression internationale accrue, pourraient forcer les autorités sud-coréennes et les régulateurs mondiaux à prendre des mesures concrètes pour éviter de futurs drames.

Le mur en béton au bout de la piste, pointé du doigt par les experts. Photo : YONHAP/AFP via Getty Images

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