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La junte militaire au Niger, qui a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023, continue de marquer son opposition à l'influence française.
Le 4 décembre 2024, Orano, le géant français de l’énergie nucléaire, a annoncé avoir perdu le contrôle opérationnel de sa filiale nigérienne, la Société des mines de l’Aïr (Somaïr).
Cette prise de contrôle par les autorités nigériennes s'inscrit dans une série de mesures visant à reprendre la main sur l’industrie stratégique de l’uranium.
Depuis le coup d’État, les relations entre Paris et Niamey se sont nettement détériorées. En juin 2024, la junte avait déjà révoqué le permis d’exploitation du gisement d’Imouraren, l’un des plus importants au monde, également détenu par Orano. Cette politique s’inscrit dans une volonté de réduire la dépendance du Niger envers la France et de diversifier ses partenaires économiques, avec des discussions en cours notamment avec la Russie et l’Iran (Le Monde).
Le Niger, quatrième producteur mondial d’uranium, est une pièce maîtresse dans le domaine de l'énergie nucléaire, en particulier pour la France, dont une grande partie de l’électricité provient de centrales nucléaires. En s’affranchissant de l’influence française, Niamey semble vouloir maximiser les retombées économiques locales tout en renforçant son contrôle sur les ressources naturelles.
Selon Reuters, cette décision pourrait bouleverser le marché mondial de l’uranium, entraînant des hausses de prix et une reconfiguration des approvisionnements internationaux. Elle pourrait également accentuer les tensions géopolitiques en Afrique de l’Ouest, une région déjà marquée par l’instabilité politique et les changements de régime successifs.
Cependant, la stratégie adoptée par la junte comporte des risques importants. La gestion autonome des mines nécessite des investissements massifs en infrastructures et en formation, tandis que des sanctions internationales pourraient entraver les exportations. La situation financière de la Somaïr, selon Orano, est déjà critique, les coûts de production continuant à s'accumuler en l'absence d'exportations.
Pour les autorités nigériennes, cette prise de contrôle est avant tout un symbole de souveraineté. En privant Orano de ses opérations, le Niger entend reprendre la maîtrise de ses richesses naturelles, souvent exploitées au profit d’intérêts étrangers. Reste à voir si cette démarche sera bénéfique à long terme pour l’économie locale et si elle parviendra à attirer de nouveaux partenaires économiques sans compromettre les gains actuels.
Alors que la junte se présente comme un défenseur des intérêts nationaux, l’impact réel de cette réforme sur la population nigérienne et sur l'économie reste incertain.
Pour de nombreux Nigériens, l’espoir réside dans une redistribution équitable des richesses générées par l’uranium, une aspiration qui pourrait redéfinir leur relation avec cette ressource stratégique.
La junte nigérienne impose sa souveraineté sur l’industrie de l’uranium, au détriment des intérêts français. © Radio sisko fm
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