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La Libye, théâtre d'un chaos géopolitique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, s'impose aujourd'hui comme un point névralgique des stratégies internationales.
Parmi les acteurs étrangers en quête d'influence, la Russie se distingue par son implantation croissante, renforçant sa présence dans ce pays méditerranéen aux ressources abondantes et à la position stratégique.
Une présence militaire croissante
Dans l'est de la Libye, des mercenaires du groupe Wagner et des instructeurs militaires affiliés à Moscou sont visibles. Selon des experts, ces forces opèrent principalement en Cyrénaïque, sous le contrôle du maréchal Khalifa Haftar. Leur objectif ? Consolider des bases militaires comme celle d'Al-Khadim et moderniser des infrastructures navales à Tobrouk, permettant ainsi à la Russie d'accroître sa capacité de projection en Méditerranée.
"Ces bases renforcent non seulement le contrôle régional de la Russie, mais servent aussi de levier contre l'OTAN", explique un analyste géopolitique basé à Tunis.
Une stratégie économique et énergétique
Au-delà de l'aspect militaire, la Russie cible les ressources énergétiques libyennes. Avec les immenses réserves de pétrole et de gaz du pays, Moscou cherche à sécuriser des partenariats stratégiques, tout en contournant les sanctions occidentales qui frappent son secteur énergétique. Selon une enquête de Revue Conflits, des négociations discrètes avec la Compagnie nationale de pétrole libyenne (NOC) seraient en cours pour des projets d'infrastructure énergétique.
Une influence grandissante en Afrique du Nord
La Libye constitue également un tremplin pour la stratégie russe en Afrique. Profitant de l'instabilité politique et du désintérêt relatif de l'Occident, la Russie renforce ses liens avec des acteurs locaux et régionaux. Cette stratégie s'inscrit dans une logique plus large : concurrencer l'influence occidentale en Afrique du Nord et au Sahel.
"En investissant en Libye, la Russie s'assure une position clé pour intervenir dans d'autres zones stratégiques comme le Sahel", affirme un chercheur à l'Institut français des relations internationales (IFRI).
Les risques pour la stabilité régionale
Toutefois, l'implication russe soulève des inquiétudes. La présence accrue de Wagner et l'appui à Haftar pourraient exacerber les tensions internes, compliquant les efforts pour une résolution pacifique du conflit. De plus, la rivalité entre puissances étrangères – notamment avec les États-Unis, la Turquie et la France – risque d'intensifier l'instabilité dans la région.
La Libye se révèle être un échiquier où la Russie joue un rôle central pour redéfinir son influence mondiale. Mais cette stratégie, bien que prometteuse pour Moscou, pourrait s'avérer déstabilisatrice pour la région.
Alors que les acteurs locaux tentent de rétablir une paix fragile, le spectre d'une "guerre par procuration" s'élargit, laissant la Libye suspendue entre les intérêts mondiaux et les aspirations locales à la souveraineté.
Carte stratégique de la Libye mettant en évidence les enjeux géopolitiques et la présence russe.
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