Sahby Mehalla
L’Australie vient de marquer une première mondiale en interdisant l’accès aux réseaux sociaux pour les jeunes de moins de 16 ans.
Adoptée par le Parlement, cette mesure vise à protéger les adolescents des dangers liés à l’utilisation excessive des plateformes numériques, mais elle suscite déjà une levée de boucliers des géants de la tech et divise l’opinion publique.
À partir de janvier 2025, toutes les plateformes, comme Facebook, TikTok, Instagram et Snapchat, seront tenues de vérifier l’âge des utilisateurs pour interdire l’accès aux mineurs de moins de 16 ans.
En cas de non-respect de cette obligation, les entreprises s’exposent à des amendes pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens (environ 32 millions de dollars américains).
Un programme pilote de vérification de l’âge sera lancé dès janvier 2024 pour tester les solutions techniques et garantir leur efficacité avant l’application généralisée de la loi.
Le gouvernement australien justifie cette initiative par le besoin de protéger les jeunes contre le cyberharcèlement, les contenus inappropriés et les effets néfastes sur leur santé mentale. "Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans la vie des adolescents, mais il est de notre devoir de veiller à leur sécurité", a déclaré la ministre des Communications, Michelle Rowland.
Cependant, cette mesure n’est pas sans critiques. Les entreprises technologiques estiment que cette interdiction pourrait avoir des effets pervers.
Selon un porte-parole de Meta (Facebook), cette loi pourrait inciter les jeunes à contourner les restrictions et se tourner vers des plateformes non régulées ou dangereuses.
Des spécialistes du numérique mettent également en garde contre les défis techniques liés à la vérification de l’âge sans compromettre la confidentialité des utilisateurs.
Si certains parents saluent cette mesure comme une avancée nécessaire pour protéger les enfants, d’autres craignent qu’elle ne limite la socialisation et l’accès à des contenus éducatifs. "C’est une mesure drastique qui risque d’isoler davantage les jeunes", s'inquiète un psychologue pour adolescents basé à Sydney.
Les plateformes, de leur côté, plaident pour une régulation plus collaborative plutôt qu’une interdiction rigide. "Nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement pour trouver des solutions adaptées", affirme TikTok dans un communiqué.
Cette décision australienne s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays explorent des solutions similaires pour encadrer l’usage des réseaux sociaux chez les jeunes.
En France, l’âge minimum pour s’inscrire sur une plateforme pourrait prochainement être relevé à 15 ans, et certains États américains envisagent des lois comparables.
L’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 16 ans en Australie marque un tournant majeur dans la régulation de l’usage des médias numériques.
Si elle reflète une préoccupation croissante face aux impacts négatifs des réseaux sociaux sur la jeunesse, elle soulève aussi des questions cruciales sur l’équilibre entre protection et liberté d’accès à l’information.
L’Australie frappe fort : réseaux sociaux interdits aux mineurs de 16 ans © Radio Sisko FM
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