Les talibans invités à la COP29 : une première controversée dans l’histoire des négociations climatiques

Publié le 26 novembre 2024 à 17:36

radio sisko fm

Pour la première fois depuis leur retour au pouvoir en août 2021, les talibans ont été invités en tant qu’observateurs à la COP29, la conférence des Nations Unies sur le climat. 

Cet événement, qui se déroule actuellement à Bakou, marque une étape symbolique dans la participation de l’Afghanistan sous le régime taliban aux discussions internationales sur les enjeux environnementaux.

Un rôle limité mais symbolique

La délégation afghane, représentée par des membres de l’Agence nationale de protection de l’environnement, a pour mission de sensibiliser à la vulnérabilité du pays face au changement climatique. 

L’Afghanistan est l’un des pays les plus affectés par les sécheresses prolongées, les inondations soudaines et les phénomènes climatiques extrêmes, des problématiques qui aggravent les crises alimentaires et humanitaires dans la région.

Malgré cette participation, les talibans n’ont pas obtenu le statut de membres à part entière. La communauté internationale ne reconnaît toujours pas leur régime comme légitime, et leur rôle à la COP29 se limite à celui d’observateurs, sans droit de vote ni de prise de parole officielle lors des négociations.

Une invitation controversée

Cette invitation a suscité des réactions mitigées. Les partisans de l’approche inclusive estiment que la lutte contre le changement climatique nécessite une collaboration mondiale, indépendamment des considérations politiques. « L’Afghanistan est l’un des pays les plus vulnérables au monde en matière de changement climatique. Nous devons trouver des moyens de travailler ensemble, même dans des contextes difficiles », a déclaré un délégué anonyme.

Cependant, les critiques dénoncent ce geste comme une normalisation tacite d’un régime accusé de violations systématiques des droits humains, notamment envers les femmes et les minorités. 

Les talibans continuent de restreindre sévèrement les libertés individuelles, une réalité qui pose un dilemme éthique à la communauté internationale.

Les enjeux environnementaux en Afghanistan

Selon les experts, le changement climatique exacerbe les défis socio-économiques de l’Afghanistan. Les sécheresses récurrentes affectent près de 60 % de la population dépendante de l’agriculture, tandis que les inondations soudaines détruisent les infrastructures précaires. La déforestation et l’épuisement des ressources naturelles aggravent la situation.

Pour les talibans, cette participation à la COP29 représente une opportunité de légitimation internationale. 

Dans un communiqué, la délégation a exprimé son engagement à collaborer sur des projets de reforestation et de gestion durable de l’eau. Cependant, ces promesses restent difficiles à vérifier en l’absence de structures transparentes.

Une étape vers une reconnaissance internationale ?

La présence des talibans à la COP29 soulève une question cruciale : la communauté internationale peut-elle collaborer avec des régimes non reconnus pour faire face aux défis globaux ? Bien que cette invitation soit un précédent, elle reflète également les tensions entre pragmatisme climatique et principes diplomatiques.

Alors que les discussions à Bakou se poursuivent, cette décision des Nations Unies pourrait ouvrir un débat plus large sur la manière d’intégrer les gouvernements controversés dans les négociations internationales sans compromettre les valeurs fondamentales des droits humains.

COP29 à Bakou : une participation mondiale pour le climat, avec des observateurs afghans en première. © Radio Sisko FM - Illustration générée par IA.

COP29 à Bakou : une participation mondiale pour le climat, avec des observateurs afghans en première.

© Radio Sisko FM - Illustration générée par IA.

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