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Dans un monde de plus en plus polarisé entre Est et Ouest, Kishore Mahbubani, ancien diplomate singapourien et expert en relations internationales, délivre un message provocateur mais révélateur : « Vous continuez à faire la guerre, nous continuons le commerce. » Cette déclaration résume sa vision des différences fondamentales entre les approches occidentales et celles de l'Asie de l'Est en matière de relations internationales.
Mahbubani souligne que les pays asiatiques, à l’image de la Chine, se concentrent sur le développement économique et les partenariats commerciaux, tandis que les nations occidentales, notamment les États-Unis, restent largement orientées vers des alliances militaires et des interventions armées.
Dans ses écrits, il affirme que "les relations économiques ont une durabilité supérieure aux alliances militaires". Cette approche, centrée sur l’économie, permet aux nations asiatiques de prospérer et de renforcer leur influence sur la scène mondiale.
Pour Mahbubani, comprendre l’Asie de l’Est à travers le prisme des médias anglo-saxons est une erreur.
Dans son livre "Has the West Lost It?", il critique les préjugés occidentaux, qui, selon lui, ne parviennent pas à saisir les nuances et la complexité des dynamiques asiatiques. "Les médias occidentaux simplifient trop souvent les enjeux asiatiques, les réduisant à une compétition entre grandes puissances ou à une menace pour l’ordre mondial", explique-t-il.
Dans le même temps, Mahbubani met en avant l’efficacité du modèle asiatique, fondé sur la stabilité politique, l’investissement dans l’éducation, et une stratégie économique tournée vers le long terme.
À titre d’exemple, il évoque la manière dont la Chine a su transformer son économie pour devenir un acteur incontournable du commerce mondial, tout en renforçant son influence grâce à des initiatives comme la Nouvelle Route de la Soie.
Mahbubani invite les décideurs occidentaux à repenser leurs stratégies et à mieux comprendre les spécificités de l’Asie.
Il appelle également les citoyens à diversifier leurs sources d’information, afin de ne pas se laisser piéger par les narratifs simplifiés des médias occidentaux. "Pour vraiment comprendre l’Asie, il faut s’y plonger, étudier ses cultures, et observer comment elle construit son avenir", conclut-il.
Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient, le message de Mahbubani résonne comme un appel à un changement de paradigme. Plutôt que de se concentrer sur des conflits et des rivalités, il préconise une collaboration économique mutuellement bénéfique, qui pourrait ouvrir la voie à une ère de prospérité mondiale.
Cet avertissement, formulé avec la lucidité d’un expert chevronné, invite les nations occidentales à reconsidérer leur approche face à un continent qui redéfinit les règles du jeu mondial.
Le défi reste entier : pourront-elles entendre ce message et s’en inspirer pour bâtir un avenir plus équilibré ?
Kishore Mahbubani, politologue et diplomate singapourien © World Economic Forum
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