radio sisko fm
Invité sur France Inter ce mercredi, le maire de Marseille, Benoît Payan, a vivement critiqué la proposition de priver les familles de trafiquants de drogue d’allocations sociales, une mesure soutenue par Christian Estrosi, maire de Nice.
Qualifiant cette approche de « pathétique », l’édile marseillais a dénoncé une solution qu’il estime inefficace et injuste.
.@BenoitPayan, maire de Marseille : "On a besoin de prendre le taureau par les cornes" sur la question du narcotrafic. "Il faut une police spécialisée et une justice avec des moyens." #le710inter pic.twitter.com/23RXLqZVYM
— France Inter (@franceinter) November 20, 2024
Une mesure controversée née à Grenoble
L’idée d’intégrer les revenus illégaux des trafiquants de drogue dans le calcul des prestations sociales a vu le jour en 2020 à Grenoble, à l’initiative de la Caisse d’allocations familiales (CAF) de l’Isère, en collaboration avec le parquet.
Ce dispositif permet de réévaluer ou de supprimer les allocations des trafiquants condamnés.
Florence Devynck, directrice de la CAF d’Isère, avait défendu cette démarche en août dernier dans Le Figaro, déclarant : « Les prestations sociales que l'on verse doivent correspondre à la réalité. » Le procureur de la République, Éric Vaillant, avait quant à lui affirmé que ces revenus, bien qu’illégaux, devaient être pris en compte.
Nice : Christian Estrosi pour l’extension du dispositif
Inspiré par cette initiative, Christian Estrosi, maire de Nice, a proposé d’aller plus loin en supprimant également les logements sociaux pour les familles de trafiquants condamnés.
Il a déclaré vouloir « broyer les petits caïds » et affirmé avoir expulsé 150 familles de logements sociaux au cours des deux dernières années.
Pour faciliter cette politique, Estrosi a suggéré une convention entre la CAF, les collectivités et l’État pour priver de prestations sociales tout individu condamné pour trafic de drogue.
Son approche a reçu le soutien du procureur de Nice, Damien Martinelli, qui s’est dit ouvert à expérimenter ce dispositif.
Benoît Payan s’oppose fermement
Lors de son passage sur France Inter, Benoît Payan a dénoncé une vision simpliste et réductrice du problème : « On a l’impression que c’est la solution miracle, mais ça ne veut rien dire. » Il a distingué les familles de gros trafiquants bénéficiant indûment de logements sociaux des mères isolées confrontées aux erreurs de leurs enfants.
Le maire de Marseille a critiqué une mesure qu’il juge aveugle et inefficace, déclarant : « S’en prendre à une mère isolée [...] et la couper de tout subside, je ne suis pas certain que ça calme quoi que ce soit. » Selon lui, ce dispositif viserait les plus vulnérables tout en épargnant les véritables responsables des trafics.
.@BenoitPayan dénonce le rapport de la Cour des Comptes sur le plan "Marseille en grand" : "J'ai rarement vu des rapports aussi politiques et approximatifs que celui-là." #le710inter pic.twitter.com/T53oIm8GFE
— France Inter (@franceinter) November 20, 2024
Une approche divisée
Alors que le débat s’intensifie, cette mesure continue de susciter des divisions entre les élus. Si certains, comme Estrosi, voient dans cette politique une manière de renforcer la lutte contre le trafic de drogue, d’autres, comme Payan, y perçoivent une stigmatisation des populations les plus précaires sans s’attaquer aux racines du problème.
Le sujet, hautement polémique, reflète une fracture entre différentes visions de la justice sociale et de la lutte contre la criminalité en France.
Contraste des approches entre Marseille et Nice face au trafic de drogue
© Radio Sisko FM, illustration générée par IA.
Ajouter un commentaire
Commentaires