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Alors que le Forum urbain mondial (WUF12) s'ouvre au Caire, la collaboration de l'ONU-Habitat avec le gouvernement égyptien suscite de vives critiques.
Bien que l'agence onusienne soit chargée de promouvoir un urbanisme respectueux de l’environnement et de la justice sociale, elle est accusée de complicité dans des projets qui, sous couvert de « développement urbain », entraînent des expulsions forcées et des violations des droits des résidents locaux.
Le thème du Forum urbain mondial, « Construire des villes durables », semble paradoxal dans le contexte égyptien.
En effet, plusieurs initiatives du gouvernement, comme celles touchant l'île d'Al-Warraq et la région des pyramides de Gizeh, impliquent des expulsions de milliers de résidents pour faire place à des projets immobiliers de grande ampleur.
La transformation de l'île d'Al-Warraq en centre financier baptisé « Horus » a déjà causé des tensions majeures, avec des affrontements violents en 2017 lors des premières tentatives d’expulsion.
Expulsions et absence de compensations
Les projets d’infrastructure, comme le pont de Rod El-Farag et les zones environnantes du Grand musée égyptien, entraînent des expulsions massives sans consultations préalables et sans compensations adéquates.
L'exemple du quartier de Nazlet El-Semman est emblématique : en 2019, les autorités ont exproprié de force 4 800 familles, les forçant à quitter leur domicile sans décret officiel d'expropriation ni compensation équitable.
Cette opération s’est déroulée sous le regard de l’ONU-Habitat, partenaire du gouvernement dans l'aménagement de cette zone stratégique pour le tourisme.
Un projet controversé avec les Émirats arabes unis
Un autre projet controversé concerne la création de la ville de Ras Al-Hikma en partenariat avec les Émirats arabes unis, couvrant une superficie de 170 millions de mètres carrés.
Les résidents locaux de Marsa Matrouh se voient offrir des indemnisations dérisoires par rapport à la valeur réelle de leurs terres, ce qui a engendré des manifestations et des tensions avec les autorités.
L'ONU-Habitat, qui a soutenu ce projet, est critiquée pour sa participation dans une opération perçue comme une dépossession au profit d’investisseurs étrangers.
Un écart avec les principes de développement durable
Le soutien de l'ONU-Habitat aux projets du gouvernement égyptien suscite l'indignation, car l'agence prône le principe de « ne laisser personne de côté », en ligne avec les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies pour 2030.
Cependant, sur le terrain, les actions de l’agence semblent incompatibles avec ces valeurs. De nombreux experts et militants appellent l’ONU-Habitat à adopter des mécanismes de surveillance plus stricts et à exiger des engagements fermes pour respecter les droits des résidents dans les projets urbains en Égypte.
En conclusion, l’ONU-Habitat, bien que guidée par des idéaux de durabilité et de justice sociale, se retrouve paradoxalement impliquée dans des projets controversés.
Cette situation soulève des questions sur la responsabilité des organisations internationales et la nécessité d’imposer des standards plus rigoureux pour protéger les droits humains dans le cadre de partenariats gouvernementaux.
Manifestation des habitants contre les projets de réaménagement urbain au Caire, menaçant leurs droits et leur environnement. © Radio Sisko FM
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