Tunisie : Des créateurs de contenu condamnés à la prison pour atteinte aux valeurs morales

Publié le 10 novembre 2024 à 15:14

radio sisko fm

Un jugement sévère contre des créateurs de contenu tunisien suscite de vifs débats dans les médias et sur les réseaux sociaux. 

Cinq influenceurs, actifs sur Instagram et TikTok, ont été condamnés à des peines allant de 18 mois à quatre ans et demi de prison pour la diffusion de contenus jugés obscènes, selon des informations rapportées par plusieurs médias locaux.

Selon le site d'information Business News, les sentences ont été prononcées mardi et visent des influenceurs bien connus en Tunisie. 

Parmi eux, l’instagrameuse Lady Samara, suivie par près d’un million de personnes, a écopé de trois ans et deux mois de prison. 

Khoubaib, un créateur de contenu populaire sur TikTok, a reçu la peine la plus lourde, soit quatre ans et six mois d'emprisonnement. 

D’autres influenceurs, tels qu’Afifa, son époux Ramzi, et une créatrice connue sous le nom de Choumoukh, ont également été condamnés à des peines comprises entre 18 mois et quatre ans et demi, dans le cadre de cette même enquête.

Ces sanctions résultent de l’accusation d’« outrage public à la pudeur » et de « diffusion de contenus contraires aux bonnes mœurs ». 

Le ministère de la Justice tunisien avait publié un communiqué le 27 octobre, incitant les procureurs à réprimer sévèrement les publications jugées contraires aux valeurs morales et susceptibles d’influencer négativement les jeunes utilisateurs de réseaux sociaux.

Une décision controversée

La décision a déclenché un large débat en Tunisie. Tandis que certains internautes dénoncent la prolifération de contenus jugés offensants et vulgaires sur les plateformes comme TikTok et Instagram, d'autres perçoivent ces condamnations comme une menace pour la liberté d'expression et un signe de répression accrue.

Les défenseurs des droits civils et l’opposition en Tunisie s’insurgent contre cette mesure, y voyant un renforcement de la politique restrictive du président Kaïs Saied, réélu récemment pour un second mandat le 6 octobre. 

Depuis trois ans, des voix critiques accusent le chef de l’État d’adopter une posture de plus en plus autoritaire, restreignant les libertés publiques et civiques.

Ce cas symbolise la fracture croissante en Tunisie entre les partisans d’une régulation des réseaux sociaux pour préserver les valeurs sociétales, et ceux qui militent pour une plus grande tolérance à l’égard de la liberté d’expression dans le pays.

Des influenceurs tunisiens condamnés pour atteinte aux bonnes mœurs. © Radio Sisko FM, illustration générée par IA.

Des influenceurs tunisiens condamnés pour atteinte aux bonnes mœurs. © Radio Sisko FM, illustration générée par IA.

Ajouter un commentaire

Commentaires

Il n'y a pas encore de commentaire.