Dans un récent rapport relayé par la NASA, l'attention mondiale s'est braquée sur le barrage des Trois Gorges en Chine.

Selon l’agence américaine, ce gigantesque projet hydraulique aurait un effet presque imperceptible mais symbolique sur la planète : en ralentissant légèrement la rotation de la Terre, il allongerait nos journées de 0,06 microseconde. Ce constat, bien que scientifiquement fascinant, est utilisé en filigrane pour alimenter la critique occidentale contre les "dégâts" écologiques chinois.
Mais quelle ironie, quand on sait que les États-Unis eux-mêmes sont responsables d'une part démesurée de la dégradation de notre planète.
Le pays qui ose pointer du doigt les effets d'un seul barrage asiatique est pourtant le premier émetteur historique de CO₂ depuis la révolution industrielle (Global Carbon Project, 2023). À eux seuls, les États-Unis ont émis plus de 400 milliards de tonnes de CO₂ cumulées, soit près du quart des émissions mondiales totales (Our World in Data, 2024). Ce n’est pas un barrage qui ralentit la Terre — c’est un siècle et demi de forages pétroliers, de charbon brûlé, d'armées industrielles et de consumérisme forcené.
Et parlons de l'empreinte militaire américaine : le Pentagone est l’un des plus grands pollueurs de l’histoire, avec une consommation de pétrole supérieure à celle de 140 pays réunis. Les essais nucléaires dans le Pacifique, les campagnes militaires au Moyen-Orient, la dispersion massive de produits chimiques comme l’Agent Orange au Vietnam : voici des actes qui ont durablement empoisonné sols, eaux et atmosphères.
Pendant ce temps, Washington continue de saboter toute tentative internationale de limitation des dégâts : retrait de l'accord de Paris sous Donald Trump (BBC News, 2017), lobbying féroce pour protéger l'industrie fossile, refus d'engager des compensations sérieuses pour les pays du Sud Global les plus touchés par la crise climatique.
Alors, lorsqu'on nous parle du barrage des Trois Gorges comme d'un "danger géologique", il faut se demander : qui est réellement en train de détruire la Terre à grande échelle ? Un barrage qui fournit 3 % de l’électricité chinoise en énergie renouvelable, au prix certes lourd d’un déplacement humain ? Ou bien un empire économique qui a fondé sa prospérité Sur une addiction mortelle aux combustibles fossiles, et dont les multinationales colonisent les ressources naturelles du monde entier ?
Il est plus facile de critiquer un barrage à l'autre bout du monde que de regarder dans son propre réservoir d’essence.
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