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En République démocratique du Congo, l’Église catholique s’impose une fois de plus comme un acteur clé dans les débats sur la révision constitutionnelle.
Alors que des discussions émergent sur une possible modification de la loi fondamentale, notamment sur la limitation des mandats présidentiels, les voix de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) et du Comité laïc de coordination (CLC) s’élèvent pour dénoncer une initiative qu’elles jugent inopportune et dangereuse pour la stabilité démocratique.
La CENCO, à travers son secrétaire général, Monseigneur Donatien Nshole, a récemment réaffirmé son opposition à toute tentative de révision de l’article 220 de la Constitution, qui garantit notamment la limitation des mandats présidentiels.
Lors des états généraux de la justice en novembre, il a souligné les implications financières et sociales d’une telle entreprise : « Dans les conditions sociales actuelles, qui dit référendum, dit élection, et qui dit élection, dit beaucoup d'argent. Est-ce qu'on peut se le permettre ? »
Cette position trouve un écho auprès du CLC, une organisation catholique influente, qui a qualifié toute tentative de révision ou de changement constitutionnel d’"inadéquate" dans le contexte actuel.
Selon le CLC, la priorité devrait être accordée à la résolution des défis sociaux, économiques et sécuritaires du pays avant de s’engager dans un débat constitutionnel.
Ce n’est pas la première fois que l’Église catholique en RDC s’oppose à des réformes constitutionnelles.
En 2014, alors que le président Joseph Kabila était soupçonné de chercher un troisième mandat, la CENCO avait mené une campagne active contre toute modification de l’article 220, qualifiant cette initiative de "voie sans issue". Depuis lors, l’Église catholique est perçue comme une vigie de la démocratie congolaise, jouant un rôle essentiel dans la défense des principes constitutionnels.
Le Comité laïc de coordination appelle désormais à un dialogue entre les forces politiques et sociales pour aborder la question de manière concertée.
Pour le CLC, il s’agit d’éviter toute crise institutionnelle et de maintenir le fragile équilibre démocratique du pays.
Cependant, ce débat divise profondément l’opinion publique congolaise.
Certains soutiennent que la Constitution doit évoluer pour s’adapter aux réalités politiques actuelles, tandis que d’autres, soutenus par l’Église, craignent qu’une révision ne serve qu’à prolonger les mandats des dirigeants en place, au détriment de l’alternance démocratique.
L’avenir de la Constitution congolaise reste incertain, mais une chose est claire : l’Église catholique, forte de son influence historique et de son ancrage dans la société civile, ne compte pas rester en retrait.
Dans un pays où les institutions peinent souvent à imposer leur autorité, elle demeure une voix incontournable dans les débats politiques.
Reste à savoir si cet appel à la prudence sera entendu par les décideurs politiques.
L’Église catholique en RDC s’oppose fermement à toute révision constitutionnelle visant à prolonger les mandats présidentiels. Photo Radio Okapi/ Grace Amzati
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