Léon Marchand : L'Homme qui Fait Oublier les Troubles Politiques de la France

Quand la gloire de Marchand fait passer les débats politiques au second plan

Le nageur champion Léon Marchand semble incarner l'idéal français de "fraternité" en cette période de divisions politiques marquées dans le pays. 

Une foule locale l'encouragera de nouveau lors du relais 4 x 100 m quatre nages à l'Arena de La Défense à Paris ce dimanche, alors qu'il vise sa cinquième médaille d'or de ces Jeux.

Son palmarès actuel dépasse déjà celui de tout autre concurrent français aux Jeux olympiques et lui a valu des comparaisons avec la légende américaine Michael Phelps. Plus fantaisiste est l'idée lancée par des dessinateurs politiques et des utilisateurs des réseaux sociaux, qui plaisantent en disant que Marchand devrait être choisi comme Premier ministre après les élections anticipées du mois dernier, remportées par une coalition de gauche face à l'extrême droite.

Ces plaisanteries montrent que la France cherche à « louer quelqu'un qui semble si dévoué et sincère dans son sport et sa manière de vivre », explique Andrew Hussey, historien de la culture française, ajoutant que beaucoup voient en Marchand un contraste avec les politiciens du pays.

Les exploits de l'athlète offrent une distraction bienvenue durant la crise, selon des Parisiens se prélassant dans un parc de la ville, regardant l'action sportive sur grand écran. « Nous ne voulons pas penser aux problèmes », déclare une femme nommée Thanh. « Nous ne voulons pas penser à la division dans le pays. » Le nageur a aidé à « tout lisser ». Louis est d'accord : « Quand Marchand nageait, c'était la chose la plus importante pour le pays pendant un moment. »

La politique semble largement en suspens pendant les Jeux, après que le président Emmanuel Macron a déclaré que les négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement devraient attendre la fin des Jeux paralympiques. M. Macron fait partie de ceux qui sont venus encourager Marchand en personne. Vendredi soir, l'arène était remplie de rugissements assourdissants de « allez » chaque fois que le bonnet de bain du prodige émergeait de l'eau alors qu'il remportait la gloire dans le 200 m quatre nages.

Mais ceux qui espèrent sérieusement que Marchand s'engagera dans le débat public risquent d'être déçus. Le nageur, qui s'entraîne aux États-Unis, a évité de se mêler des débats publics, contrairement à une autre figure nationale, la star du football Kylian Mbappé, qui a utilisé une conférence de presse de l'Euro 2024 pour inciter à voter contre l'extrême droite.

Selon Philip Barker, rédacteur en chef du Journal of Olympic History, la tradition d'une population galvanisée autour d'un héros est aussi ancienne que les Jeux eux-mêmes. Certains héros sportifs des nations hôtes ont inspiré des changements durables, comme Cathy Freeman en Australie en 2000 ou les athlètes britanniques des Jeux de Londres en 2012.

Cependant, l'effet unificateur de Marchand et de ses coéquipiers français est peu susceptible de durer longtemps, estime Emile Chabal, professeur d'histoire contemporaine à l'Université d'Édimbourg. « Nous pouvons nous attendre à un retour immédiat à un champ politique fracturé et à un électorat mécontent dès la fin des Jeux », dit-il. « Aucune quantité de Marchand-mania - et nous l'avons déjà vu avec de grands sportifs français comme [Zinedine] Zidane ou Mbappé - ne changera cela. »

Pour l'instant, les compatriotes de Marchand sont captivés par ses exploits – au point que même ceux qui ont payé cher pour des billets olympiques ont regardé ses courses sur leurs téléphones. C'est le cas d'Audrey, une Parisienne dans le fan park, qui admet avoir détourné les yeux d'un match de volley-ball pour assister à l'une des victoires de Marchand sur son écran.

Bien que la France ait trouvé un nouveau héros, il est possible que « peut-être la semaine prochaine, il y aura un autre Marchand », souligne Audrey. Et en tout cas, Marchand fait partie de quelque chose de plus grand. « Il ne s'agit pas seulement de lui », dit-elle, citant la cérémonie d'ouverture « incroyable ». La France devrait être « très fière de ce que nous montrons au monde » avec les Jeux olympiques, conclut-elle.