Crise France-Algérie : Les milieux d’affaires exhortent à une désescalade diplomatique pour protéger les relations économiques

Publié le 12 novembre 2024 à 09:07

radio sisko fm

La crise diplomatique entre la France et l'Algérie prend de l'ampleur, alimentant les inquiétudes des milieux d'affaires français implantés en Algérie. 

Face aux tensions croissantes, les responsables économiques plaident pour une approche plus mesurée afin de préserver les échanges commerciaux entre les deux pays.

Le président de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-française (CCIAF), Michel Bisac, a exprimé son inquiétude le 11 novembre dernier. 

Selon lui, les récentes "déclarations intempestives" de certains responsables politiques français risquent de compromettre un partenariat stratégique avec l’Algérie, un marché de 45 millions de consommateurs. 

En effet, l’alignement de la France sur la position marocaine concernant le Sahara occidental, exprimé par Emmanuel Macron lors de sa visite au Maroc en octobre, a été perçu comme une trahison par Alger, traditionnellement soutenue dans sa neutralité par Paris sur cette question.

Les conséquences de cette crise se font déjà sentir sur les échanges commerciaux, avec près de 12 milliards d'euros d'échanges entre les deux pays en 2023, dont cinq milliards d'exportations françaises vers l'Algérie. 

Cette relation économique est d’autant plus cruciale que la France vient de signer des contrats d'une valeur de 10 milliards de dollars au Maroc. 

Les milieux d’affaires craignent ainsi que les relations franco-algériennes ne se dégradent au point de compromettre la stabilité de leurs activités en Algérie, où quelque 6 000 entreprises françaises sont impliquées dans des échanges commerciaux.

Une rumeur récente, relayée par Le Figaro, a semé la panique en évoquant une possible suspension des transactions commerciales entre les deux pays. 

Bien que le Premier ministre algérien ait démenti cette rumeur, l'incident souligne la fragilité de la situation. 

Michel Bisac a rappelé que les responsables français doivent faire preuve de plus de prudence et de respect envers l’Algérie, insistant sur le rôle stratégique de ce pays à la porte de l’Europe et sur l’intégration réussie de la diaspora algérienne en France.

Outre la question du Sahara, les tensions diplomatiques sont attisées par des sujets sensibles tels que l'immigration et les questions mémorielles. 

Des voix politiques, principalement de droite, exploitent l'Algérie comme un levier dans le débat national, exacerbant les divisions. 

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a par ailleurs évoqué une politique de "bras de fer" avec Alger concernant les laissez-passer consulaires, tout en renforçant le dialogue avec le Maroc.

Les acteurs économiques français rappellent que la perte du marché algérien pourrait annuler les bénéfices obtenus au Maroc. "Si on perd avec l’Algérie ce que l’on gagne avec le Maroc, on sera passé à côté du sujet," a averti Patrick Stefanini, ancien haut fonctionnaire français. 

En réponse, les milieux d’affaires appellent à une diplomatie plus mesurée pour éviter une rupture économique coûteuse pour les deux pays, et préserver un lien essentiel entre l'Europe et l'Afrique du Nord.

Crise diplomatique France-Algérie : les tensions économiques en image. © Radio Sisko FM, illustration générée par IA.

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