radio sisko fm
Une décision historique de la cour d’appel de Bruxelles a reconnu l’État belge coupable de crime contre l’humanité pour l’enlèvement et le placement forcé de cinq fillettes métisses dans des institutions religieuses pendant la période coloniale au Congo.
Ce verdict établit pour la première fois la qualification de crime contre l’humanité pour des actes commis durant la colonisation belge.
Un drame colonial reconnu par la justice
Les plaignantes, aujourd’hui âgées de 70 à 80 ans, sont nées de relations entre des pères belges et des mères congolaises dans l’ancien Congo belge.
À l’époque, les autorités coloniales considéraient les enfants métisses comme une menace pour la suprématie blanche et l’ordre colonial.
Arrachées à leurs mères, ces fillettes ont été confiées à des institutions catholiques où elles ont subi des discriminations, des privations et parfois des abus physiques et psychologiques.
Le tribunal a estimé que ces actes constituent une violation des droits fondamentaux, qualifiant leur enlèvement de crime contre l’humanité. Il a également condamné l’État belge à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à chacune des cinq femmes.
Cette condamnation marque une étape majeure dans la reconnaissance des abus liés au passé colonial de la Belgique.
Bien que le gouvernement belge ait présenté des excuses officielles en 2019 pour son rôle dans l’enlèvement de milliers d’enfants métisses, cette décision judiciaire représente la première fois qu’une telle reconnaissance s’accompagne de réparations.
Le jugement souligne que l’État belge a délibérément ciblé ces enfants en raison de leur origine métisse, les privant de leur famille et de leur identité culturelle.
Les avocats des plaignantes ont salué un « tournant historique » pour la justice et la mémoire coloniale.
Pour les victimes, cette décision offre une reconnaissance tardive mais cruciale de la souffrance endurée. « Nous avons vécu toute notre vie avec le poids de ce passé.
Aujourd’hui, la justice nous donne enfin raison », a déclaré l’une des plaignantes à la sortie du tribunal.
Malgré cette avancée, le verdict relance le débat sur les réparations pour d’autres victimes des abus coloniaux belges, notamment celles issues de l’exploitation et des violences exercées dans l’ancien Congo belge.
Cette condamnation intervient dans un contexte où de nombreux pays européens, dont la Belgique, sont appelés à assumer davantage leur passé colonial.
Des voix s’élèvent pour demander non seulement des excuses, mais également des politiques actives de réparation, de restitution et d’éducation sur les crimes coloniaux.
Avec ce jugement, la Belgique franchit un pas important, mais la route reste longue pour une reconnaissance globale des abus commis sous son empire colonial.
"Justice rendue : l’État belge condamné pour l’enlèvement de fillettes métisses au Congo, reconnu comme un crime contre l’humanité." / Image illustration
Ajouter un commentaire
Commentaires