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L'Assemblée nationale de Corée du Sud a voté vendredi la destitution du président Yoon Suk-yeol, à la suite de l’échec retentissant de sa tentative de déclarer la loi martiale le 3 décembre dernier.
Cette décision historique, adoptée par 204 des 300 députés, reflète l’indignation généralisée provoquée par cette mesure jugée extrême et antidémocratique.
La déclaration de loi martiale par le président Yoon avait été justifiée par des menaces alléguées de mouvements pro-nord-coréens visant à déstabiliser le pays. Cependant, cette initiative a immédiatement suscité une levée de boucliers, non seulement au sein de l’opposition mais également parmi certains membres de son propre parti, Pouvoir au Peuple.
L’Assemblée nationale avait réagi en urgence, votant dès le lendemain pour lever cette mesure, entraînant son abrogation en quelques heures seulement. Cette crise a déclenché des manifestations massives à travers le pays, avec des appels croissants à la démission du président.
La motion de destitution, déposée par le principal parti d'opposition, Parti démocratique, accuse Yoon Suk-yeol d’avoir violé la Constitution et abusé de son pouvoir exécutif. Le vote de destitution dépasse largement la majorité requise des deux tiers, soulignant l’ampleur de la rupture politique.
Désormais, le Premier ministre Han Duck-soo assure l’intérim, en attendant que la Cour constitutionnelle se prononce sur la validité de cette décision. Cette dernière dispose de 180 jours pour confirmer ou infirmer la destitution.
Cet épisode plonge la Corée du Sud dans une crise politique majeure. Si la destitution est confirmée, Yoon Suk-yeol deviendra le deuxième président sud-coréen à être démis de ses fonctions dans l’histoire démocratique du pays, après Park Geun-hye en 2017.
Pour beaucoup, cette tentative de loi martiale marque un tournant dans le mandat de Yoon, pourtant élu en 2022 sur une promesse de réformes démocratiques. Des experts dénoncent une tentative désespérée de conserver le pouvoir face à une popularité déclinante.
Des milliers de Sud-Coréens sont descendus dans les rues de Séoul pour célébrer la décision du Parlement. « C’est une victoire pour notre démocratie. Personne, pas même le président, n’est au-dessus de la Constitution », a déclaré Lee Jin-ah, une étudiante présente à la manifestation.
Cependant, d’autres appellent à la prudence. « La destitution d’un président est une mesure grave. Nous devons maintenant veiller à ce que la transition se fasse sans chaos », a expliqué Kim Sang-woo, professeur de sciences politiques à l’Université nationale de Séoul.
La décision finale de la Cour constitutionnelle sera scrutée de près, tant en Corée qu’à l’international. Pendant ce temps, l’opposition prépare déjà l’élection présidentielle anticipée qui pourrait être organisée dans les mois à venir si la destitution est confirmée.
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol. KIM HONG-JI
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