Les préoccupations croissantes de la diaspora tunisienne à l'approche de la présidentielle

Publié le 10 septembre 2024 à 17:10

radio sisko fm

À l'approche des élections présidentielles en Tunisie, une profonde inquiétude s'empare de la diaspora tunisienne, confrontée à une situation politique et économique de plus en plus incertaine. 

De nombreux Tunisiens vivant à l’étranger, qu’ils soient en vacances dans leur pays natal ou observant les événements à distance, expriment leur malaise face à la dégradation des conditions de vie en Tunisie.

Selon Elyès Ghanmi, analyste politique basé aux États-Unis, l’instabilité politique et le climat de répression constituent des obstacles majeurs à son retour en Tunisie. 

Ancien membre du parti de gauche Ettakatol et co-fondateur du Think Tank Joussour, il déclare qu’il ne se sent plus en sécurité pour revenir dans son pays d’origine. 

Cette peur est partagée par de nombreux expatriés, notamment en raison de la répression croissante à l'égard des opposants politiques, exacerbée par le régime actuel du président Kaïs Saïed.

Sur le plan économique, l'inflation galopante et la baisse du pouvoir d'achat affectent les familles des Tunisiens de l'étranger, poussant ces derniers à s'inquiéter pour leurs proches restés en Tunisie. 

Ghanmi évoque notamment la précarité de ses parents, anciens fonctionnaires, qui doivent surveiller de près leurs dépenses. Selon lui, la situation s'est détériorée depuis la révolution de 2011, aggravée par la gestion actuelle du pays.

D’autres voix s’élèvent, comme celle d’une jeune femme de 31 ans, installée au Danemark. Elle dénonce le climat de division autour de la question des binationaux, exclus de certaines fonctions électorales, ainsi que les atteintes aux libertés fondamentales. 

Elle se dit "forcée de rester à l’étranger" en raison des conditions politiques défavorables qui, selon elle, dissuadent de nombreux Tunisiens de revenir.

Le malaise de la diaspora s'étend également aux questions environnementales et sociales. Mohamed Essid, actif sur les réseaux sociaux et dans la société civile, déplore la gestion désastreuse des services publics et l'augmentation des prix dans les régions touristiques. 

Ce dernier, qui avait initialement soutenu Kaïs Saïed, a depuis revu sa position, dénonçant la répression politique et les restrictions qui pèsent sur les élections.

Alors que le débat politique se radicalise, l’hostilité croissante entre les partisans et les opposants du régime de Saïed contribue à creuser un fossé au sein de la société tunisienne. 

Majdi Karbai, ancien député vivant en Italie, décrit un climat tendu, où la moindre critique est perçue comme une trahison. Ces tensions se manifestent aussi en ligne, où des militants comme Hakim Fekih subissent des attaques virulentes pour leur prise de position.

Pour de nombreux Tunisiens de l'étranger, la situation actuelle semble de plus en plus incertaine, renforçant un sentiment de déconnexion avec leur pays d’origine. 

Bien que la diaspora continue d'envoyer des fonds importants en Tunisie, elle se sent souvent sous-valorisée et marginalisée dans le débat national.

Les préoccupations croissantes de la diaspora tunisienne à l'approche de la présidentielle

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