Sahby Mehalla
La bataille pour la paternité du zellige, le carreau de céramique coloré, s'intensifie entre l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, avec des implications culturelles et politiques notables.
En avril 2024, l'Algérie a déposé une demande auprès de l'Unesco pour inscrire le zellige comme patrimoine immatériel algérien.
Cette initiative a suscité des réactions critiques de la part du Maroc et de la Tunisie, qui revendiquent également un savoir-faire distinct dans la création de ces carreaux.
Les trois pays, influencés par les Andalous et les Turcs depuis le Moyen Âge, revendiquent une longue tradition dans l'art du zellige, dont l'origine pourrait remonter aux Phéniciens.
Les échanges historiques en Méditerranée, attestés par des artefacts comme l'obsidienne, soulignent la complexité de la question.
La démarche algérienne est compliquée par l'inscription du zellige par le Maroc auprès de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) en 2012.
De plus, les recherches des céramologues confirment la présence de cette tradition au Maroc et en Tunisie, ajoutant à la légitimité de ces revendications.
Les tensions politiques entre ces pays exacerbent le débat. Les enjeux de la reconnaissance internationale du patrimoine ont parfois conduit à des conflits, comme ce fut le cas avec le couscous, que l'Algérie avait tenté de faire inscrire seule avant d'adopter une approche collective avec ses voisins.
Face à ces défis, l'Unesco pourrait envisager une inscription collective pour éviter les conflits similaires à ceux observés avec d'autres patrimoines partagés, comme le Kitab Al Ibar d'Ibn Khaldoun.
Cette approche collective pourrait offrir une solution pour préserver l'harmonie régionale tout en reconnaissant les contributions de chaque pays au patrimoine commun.
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