Liban : des femmes abandonnées comme des objets dans la tourmente de la guerre

Publié le 1 octobre 2024 à 19:34

radio sisko fm

Au Liban, la situation des travailleuses domestiques étrangères se détériore rapidement alors que les frappes israéliennes se poursuivent. 

Avec plus d'un million de personnes déplacées en raison des bombardements, de nombreuses employées de maison ont été abandonnées par leurs employeurs, laissant ces femmes démunies, sans ressources et sans passeport.

Des associations comme le Regroupement des Migrant.e.s de l’Afrique Noire (REMAN) rapportent des cas tragiques d'abandon. 

Viany, cofondatrice de l'association, déclare que certaines familles ont fui en laissant leurs travailleuses sur le bord de la route. 

Elle évoque notamment le cas d'une femme camerounaise qui a été enfermée chez elle par son employeuse avant son départ. « C’est inhumain », s'indigne Viany.

La situation est d'autant plus préoccupante pour des milliers de travailleurs immigrés originaires d'Éthiopie, du Soudan, du Bangladesh et d'autres pays, qui se retrouvent dans des conditions précaires. 

Beaucoup d'entre eux dorment dans la rue ou cherchent refuge dans des églises, comme le souligne Manar, de l'ONG Migrant Workers’ Action.

Dans les écoles transformées en refuges, la discrimination s'accentue. 

Récemment, 60 migrants ont été expulsés d'une école à Tripoli, car les municipalités réservent ces espaces aux citoyens libanais. « Beaucoup d’entre eux ont été attaqués dans la rue », confie Manar.

Le système de "kafala", qui régit le travail des immigrés, les soumet à une forme d'exploitation. 

Les employeurs conservent les passeports, sans salaire minimum ni quota d'heures de travail, créant un climat d'insécurité et de vulnérabilité pour ces travailleuses.

Pour sortir du pays, les travailleuses doivent obtenir un laissez-passer, un processus qui peut prendre des mois. 

En outre, les options de vol se font rares et coûteuses, limitant les possibilités de rapatriement. 

Manar appelle le gouvernement à faciliter l'accès aux documents pour ceux qui souhaitent quitter le Liban.

Face à cette crise, une cagnotte en ligne a été lancée par un collectif d'associations pour soutenir les plus vulnérables, notamment les femmes africaines et les réfugiés syriens et palestiniens.

« Le Liban nous a tant traités comme des moins que rien », conclut Viany, « que certains ont peur de demander de l'aide. »

Liban : des femmes abandonnées comme des objets dans la tourmente de la guerre

Des travailleuses domestiques abandonnées au Liban, confrontées à une réalité tragique en temps de guerre. © Radio Sisko FM, illustration générée par IA.

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