PRISE DE PAROLE - Belgique : Quand la dégradation des valeurs devient une avancée civilisationnelle

Publié le 2 décembre 2024 à 17:43

Salim Bendouma

En Belgique, le progrès frappe une fois de plus à la porte de la civilisation. À partir de ce mois, les prostituées peuvent désormais signer des contrats de travail, une avancée présentée comme une victoire pour les droits sociaux. Congés payés, assurance maladie, droit au chômage : tout est là pour transformer un métier ancien en profession « respectable ». Si certains y voient un progrès, d'autres pourraient s'interroger sur les priorités et les valeurs d'une société qui choisit de normaliser une activité controversée au lieu de la combattre.

Au nom de l'inclusion et de la sécurité, la Belgique a donc décidé de donner un vernis légal à la prostitution. Désormais, les employeurs de ce secteur devront respecter les normes strictes de sécurité et offrir des dispositifs d'alerte d'urgence. Une protection louable ? Certes. Mais n'est-ce pas un peu cynique de transformer ce qui est souvent le dernier recours pour les plus vulnérables en une simple ligne sur un contrat de travail ?

Certains applaudissent cette décision comme un triomphe des droits humains. Cependant, à bien y regarder, cette initiative pose une question dérangeante : est-ce vraiment cela, l'avancée civilisationnelle ? L’État belge, qui autrefois prônait l'égalité et l'émancipation des femmes, choisit désormais d'encadrer juridiquement une profession qui perpétue l'exploitation des corps.

Un aveu d'échec ?

Ce changement de cap ne serait-il pas, en réalité, un aveu d'échec ? Au lieu de lutter pour offrir des alternatives viables aux travailleurs du sexe, on se contente de les inscrire dans le système. Pire encore, cette reconnaissance officielle pourrait même encourager une banalisation d'un métier souvent lié à la précarité et au trafic humain.

Où est la limite ?

Aujourd'hui, la prostitution devient un métier légal. Et demain ? À quel moment une société cesse-t-elle de distinguer le progrès véritable de la simple normalisation de pratiques discutables ? La Belgique, pionnière de nombreuses réformes sociétales, semble prendre un virage où tout peut être réhabilité, pourvu que cela soit bien emballé sous le prétexte de la modernité.

En définitive, ce « progrès » belge nous pousse à réfléchir sur nos propres valeurs. Peut-on réellement parler de civilisation lorsque l'on choisit d'ériger en modèle ce qui, dans bien des sociétés, reste un tabou ? Et surtout, à quoi ressemblera une société où tout peut être monétisé, y compris l'intimité humaine ?

Le progrès, certes, mais à quel prix ?

"Quand la modernité signe des contrats : illustration satirique sur la légalisation de la prostitution en Belgique." © Radio Sisko FM – Illustration générée par IA.

Quand la modernité signe des contrats : illustration satirique sur la légalisation de la prostitution en Belgique.

© Radio Sisko FM – Illustration générée par IA.

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