Sénégal : Légalisation du port des signes religieux dans les écoles suscite des débats

Le ministère de l'Éducation nationale du Sénégal a adopté un arrêté le 6 octobre 2024, légalement autorisant le port des signes religieux dans l’ensemble des établissements scolaires, qu'ils soient publics ou privés. 

Ce texte impose aux écoles d’accepter des symboles tels que le voile islamique, la croix chrétienne ou les perles sacrées, à condition que ceux-ci ne nuisent pas à l’identification des élèves.

Cet arrêté intervient à la suite d'une déclaration du Premier ministre, qui avait relancé le débat sur le port du voile après avoir affirmé, en juillet dernier, que son interdiction dans les écoles ne serait plus tolérée. 

Le texte avait également été réclamé par le leader politique Ousmane Sonko.

Alors que l’arrêté vise à clarifier une zone grise juridique, puisqu’aucune réglementation nationale n’encadrait jusque-là le port des signes religieux dans les établissements scolaires, il réaffirme par la même occasion des valeurs importantes, telles que la mixité, le respect mutuel et le vivre ensemble, a expliqué le ministre de l’Éducation, Moustapha Guirassy.

Malgré ces intentions, la mesure a provoqué une controverse, notamment au sein des établissements catholiques privés, qui regrettent une focalisation sur le port du voile au détriment des enjeux pédagogiques. 

Le syndicat majoritaire de l'enseignement secondaire a également déploré le manque de consultation préalable avec tous les acteurs de l'éducation nationale.

Si les cas de refus d’accès en raison du port de signes religieux sont rares, avec aucun signalé depuis 2019, un incident récent survenu le 8 octobre dans un établissement catholique relance les discussions. 

Une élève s’est vu contrainte de retirer son voile pour assister aux cours, selon des témoignages recueillis par RFI.

Alors que la législation vise à apaiser les tensions, la question reste posée : cette mesure était-elle réellement nécessaire dans un pays où la coexistence des différentes communautés religieuses est généralement bien respectée ?